Alors que toutes les projections climatiques indiquent que nous nous acheminons vers un nouvel été sec et chaud, le Comité de bassin Rhin-Meuse a validé une cartographie des zones fragiles pour l’accès à moyen et long terme aux ressources en eau. Ce zonage révèle que 30% du bassin Rhin-Meuse se trouve ainsi concerné par un risque de pénurie.
Ce zonage identifie les secteurs où les prélèvements sont importants (axe Meurthe et Moselle notamment avec des contraintes pouvant peser sur l’alimentation en eau potable, la navigation, les usages industriels, agricoles…), ceux où les ressources sont fragiles (secteur du Sundgau, massif vosgien avec une baisse observée des débits de 20 à 40% en 20 ans ou encore le secteur de la Nied Allemande) et enfin ceux cumulant une faiblesse quantitative et qualitative (bassin de l’Orne, Meuse amont…).
Les experts à l’origine de cette cartographie ont croisé plusieurs sources de données et se sont appuyés aussi sur des observations de terrain. « Par exemple, sur le secteur du Sundgau, nos indicateurs pluriannuels ne révélaient pas de déficit particulier. Ce sont les acteurs de terrain qui ont mis en évidence un phénomène cyclique de baisse du niveau des nappes qui cumulé avec des épisodes récurrents de sécheresse (2018-209-2020) met en tension tout un territoire ».
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Un zonage aux répercussions concrètes
Demandé par le plan de gestion des eaux 2022-2027 (SDAGE) entré en vigueur en mars 2022, ce zonage « constituera la priorité des services dans l’accompagnement des démarches de gestion quantitative ». (Disposition T4 - O1.6 - D1).
Concrètement, cela implique par exemple :
- que les autorisations délivrées par les services de l’État auront à prendre en compte le zonage, par exemple pour les autorisations de prélèvement ou d’aménagements ayant un impact sur la disponibilité de la ressource en eau ;
- que le programme d’intervention de l’Agence de l’eau tiendra compte de ces zones pour ses priorités ;
- que les schémas d’aménagement des eaux sont des structures privilégiées quand ils existent pour porter la dynamique autour du volet quantitatif.
« Cette cartographie servira également lors de contacts avec les collectivités et autres acteurs avec lesquels nous allons engager des actions. »
Stratégie d’action pour une gestion durable des ressources en eau
À la lumière de ce zonage, le Comité de bassin a adopté à l’unanimité la stratégie d’action destinée à prévenir les fragilités mais aussi à exploiter les atouts du bassin Rhin-Meuse. 3 mots d’ordre : anticiper, mieux que stocker infiltrer les eaux dans les nappes et valoriser les marges de régulation offertes par les infrastructures existantes. Pas de fatalisme pour le Comité de bassin et un passage à l’action immédiat en particulier au travers des 10 projets locaux issus du Varenne agricole de l’eau. Des solutions vont être recherchées pour la résilience des fermes d’altitude du massif vosgien, l’optimisation de chapelets d’étangs ou des barrages réservoirs, etc.
D’autres démarches visant à poser un diagnostic partagé sur un territoire vont être engagées (étangs du Saulnois, Haute-Meuse…) permettant aux acteurs locaux de prendre conscience de la rareté de la ressource en eau et d’adapter leurs projets d’aménagement en conséquence.